نشر موقع "كابيتاليس" يوم أمس، رسالة
الكنرونية تلقاها من الصحفية الفرنسية "مارتين قوزلان" التي أجرت الحوار
مؤخرا مع القيادي في حركة النهضة عبد الفتاح مورو، والتي صرّح فيه حسب ما
أوردته الصحفية على أعمدة مجلة "ماريان" أنه على رئيس الحركة راشد الغنوشي مغادرة الحركة .
وأكدت الصحفية في رسالتها أن كل ما صرّح به
الشيخ مورو على السلفية وعلى الغنوشي وعلى الفتيات الصغيرات المتحجبات، هو
صحيح وأنها لم تقم بتحريف تصريحاته أو إخراجها عن سياقها.
وأشارت أن مورو لم يكن خائفا أثناء حديثه معها وأن الرجل بدا متأكدا من كل ما صرّح به ووصفت شخصيته بالجذابة.
كما أشارت الصحفية إلى أن تراجع رجال
السياسة على أقوالهم يدخل في إطار اللعبة السياسية، مشددة أنها تشتغل منذ
زمن طويل على موضوع الإسلام وأنها صحفية مستقلة وملتزمة ولا يُمكن أن يصدر
عنها أي تحريف أو تلاعب بأقوال من تُحاورهم.
يُذكر أن عبد الفتاح مورو كان قد أكد أن تصريحاته أخرجت من سياقها.
وفيما يلي نص رسالة الصحفية "مارتين غوزلان كما وردت في موقع "كابيتاليس
Je l'ai appelé le 13 février en me
présentant et en lui demandant une interview. Il m'a donné rendez-vous
le 14 février à 18h30 en m'expliquant qu'il ne pouvait pas plus tôt car
il était sur le plateau de trois ou quatre télévisions du Golfe dans la
journée. Mon taxi, sur ses indications au téléphone, m'a conduite chez
lui. Son fils, averti, m'a ouvert la porte car M. Mourou n'était pas
encore revenu. Il n'a pas tardé et nous avons commencé l'interview, son
fils nous a apporté du thé. L'atmosphère était chaleureuse et je pense
qu'il a apprécié que je ne manie pas la langue de bois car je suis
entrée directement dans le vif du sujet, comme vous l'avez lu, en
l'interrogeant sur sa relation avec le wahhabisme et Rached Ghannouchi.
Je travaille sur l'islamisme depuis très longtemps et je suis aussi
essayiste. Je suis une journaliste engagée, libre, comme mon journal, et
totalement solidaire de ceux qui luttent contre l'obscurantisme, à
fortiori les Tunisiens dont j'ai couvert la formidable révolution, puis
la suite... Je ne me cache de personne, tout est écrit et on me connait
en Tunisie.
Dès qu'Abdelfattah Mourou est arrivé, naturellement je lui ai donné
ma carte professionnelle – rédactrice en chef à Marianne – avec toutes
mes coordonnées. Mon numéro de portable figure sur le sien puisque je
l'ai appelé d'abord avec un portable tunisien, ensuite avec mon portable
français.
La personnalité de Mourou est fascinante pour moi car, en étudiant
ses précédentes et très nombreuses déclarations, et généralement son
profil, il me semble qu'il a créé un phénomène qui lui a complètement
échappé. Comment ce zitounien a-t-il vu son «enfant» comme il a
qualifié Ennahdha à plusieurs reprises se transformer en monstre?
Cette question, j'aimerais la lui poser si je devais le revoir, ce que
je souhaite.
Il m'a parlé pendant trois quarts d'heures. Il m'a dit encore
d'autres choses, notamment sur la violence quand je lui ai rappelé sa
condamnation de la violence en 1991 après l'attaque d'un bureau du Rcd.
Il m'a dit que l'on était maintenant dans la même situation qu'en 1991.
Il voyait que je connaissais le sujet, et moi-même je n'étais pas
surprise de ce qu'il me disait. Car, soyons clairs: il a dit toutes ces
choses, sur le salafisme, sur les petites filles voilées, sur
Ghannouchi, auparavant.
Le seul moment où j'ai été étonnée, c'est quand il m'a dit qu'Ennadha
allait quitter le pouvoir. C'est pour cela que je lui ai demandé de
répéter.
C'est du reste ce qu'il a confirmé hier sur Mosaïque en expliquant
que les dirigeants incompétents devaient quitter la scène politique.
Au bout de 45 minutes, il devait se rendre à Hannibal TV et nous y
sommes allés ensemble. Il devait passer sur leur plateau à 20 heures 15.
Arrivés là-bas, il a demandé fort gentiment qu'on mette tout de suite
une voiture à ma disposition pour me ramener à Tunis, au centre-ville.
J'étais seule. Je travaille toujours seule, sans photographe. La photo
parue sur notre site, c'est moi qui l'ai prise sur mon portable, sa
fille nous a photographiés ensuite ensemble, souriants, et elle a repris
une photo de son père, à ma demande et à celle de M. Mourou, car
j'avais peur de ne pas être une excellente photographe.
A aucun moment, je n'ai eu l'impression d'un homme qui avait peur. Il
était au contraire heureux et serein. Quand je lui ai demandé s'il
n'était pas temps qu'il incarne cette identité tunisienne que les
obscurantistes d'Ennahdha salissent, il m'a dit qu'il ne cessait pas de
le clamer.
Rien n'a été déformé.
C'était une rencontre passionnante à un moment clé.
Que les hommes politiques prennent ensuite leurs distances avec ce
qu'ils ont déclaré à un journaliste fait partie du jeu politique sous
tous les cieux. L'essentiel, c'est qu'ils aient VOULU le dire